TWIT

Jeudi soir, après une agréable journée au spa à relaxer, ma soeur et moi décidons de nous payer des crevettes chez Daniel Lapointe. Dans le parking toujours aussi plein, je ne vois qu'une seule place de libre tres loin du resto. Je décide donc de tenter ma chance un peu plus proche où je rencontre un Twit. Le twit en question est une petite jeunesse de 20 ans max, qui chille dans sa Mazda 3 rouge avec sa calotte blanche, convaincu qu'il est le gars le plus hot en ville. 'Cause i'm a mother fucking T.W.I.T. Monsieur est fâché contre moi parce qu'il doit se reculer pour me laisser passer et il me shifte allègrement pendant que son passager tout aussi twit fait un petit sourire fake à ma soeur. Après quelques secondes de niaisage, je me rends à l'évidence: je dois prendre la place lointaine. En me retournant je me rends compte que Twit en personne m'a piqué "MA"place. Et la je vois une place. C'est pas tant une place de parking qu'un trou entre un char parké beaucoup trop sur la ligne et une guérite en métal. Mais j'ai pas le choix.

J'entreprends donc une longue série de "avance-crampe-recule-décrampe-avance-crampe" lorsque soudain, j'accote mon char sur le bord de la guérite en métal. Et pour me dépogner de là sans poquer le char a côté, je n'ai pas le choix de scratché mon char qui n'est pas vraiment mon char mais celui de mes parents. Je fais de mon mieux mais le bruit ne me rassure pas. Je lève les yeux pour voir Twit et Twitter me regarder grafigner mon char en souriant avec mépris. Su-per. Je finis par sortir mon char et inspecte le tout ...OUCH !!! Méga scratch. Je capote. J'appelle mon père pour lui annoncer la bonne nouvelle. Il ne sait pas trop quoi me dire et moi non plus mais il est content que j'aie pris la peine d'appeler. J'ai juste le goût de fuir­. Ma soeur essaye de me convaicre que c'est pas si pire. Être toute seule je fuirais. De honte. En plus que souper en compagnie d'un twit qui me regarde manger mes crevettes après m'avoir regardé scratché mon char, no thanks. Mais bon, je finis par entrer en disant a ma soeur qu'on est mieux de pas se ramasser assis a côté d'eux or else. Je sacre silencieusement dans ma tête.

Ma soeur sentant l'orage imminent commande deux grosses pintes de bière. Quelques énormes gorgées plus tard je me sens plus relax. Moins enragée. Plus assumée dans ma honte. Quelques gorgées de plus, je suis triste. Parce que je trouve ça vraiment plate d'avoir scratché le char de mes parents. Plate pour eux. Quelques autres gorgées plus tard, ca va mieux. Beaucoup mieux. Jusqu'à ce que Tania les voit: Les Twits sont assis juste derrière moi. Avec une grosse gang d'amis twit qui parlent fort, rient fort, et twittent fort. Mais la twitterie ne s'arrête pas là. En diagonale, un gars qui allait au secondaire avec ma soeur habillé comme si Rock Forest était le ghetto dit au moins 10 fois " Ben Ta--Barrrr-Nakkkkk" avec une grosse voix de cave et vraiment vraiment fort en marchant comme s'il était in da hood. A ma droite un gars parle a une fille sans lui donner une chance de répondre. Pendant presqu'une heure, il fait un monologue sur le daytrading et ses variations de poids. Pauvre fille. A ma gauche, une sexagénaire aux cheveux fuschias s'est dessinée des sourcils noirs hypers arqués, comme les smiley face surpris. Je regarde autour et commence à réviser ma théorie du Bucheron à la hausse. Twit...le monde est twit..je cherche le soleil au milieu de la nuit...

Le lendemain, on se paie une virée chez Ikea. J'aime tellement Ikea. Même si la chose la plus palpitante que j'ai acheté, c'est une râpe à fromage (mais elle est vraiment bien pensée-il y a un petit bol intégré en dessous pour pas que le fromage tombe à côté-bien pratique), ça valait la peine d'aller chez Ikea. En plus, que j'ai vu Jonathan Roy et sa mère. En revenant, on se trompe un peu de chemin et on passe devant le "Twit Palace" (qui est en fait une animalerie miteuse). Tout ce que je pouvais penser, c'est que le pire est fini. Point de vue twitterie, peut-on vraiment battre le Twit Palace???